Challenge Roth: you are a hero !
J’avais fait de cette course mon objectif de l’année avec pour but de casser la fameuse barre des 9h sur distance ironman! En effet cette course est réputée pour son parcours rapide et son ambiance incroyable. La 1ère difficulté est déjà de réussir à s’inscrire pour cette course très prisée : les 1000 premiers dossards sont distribués le lendemain de la course sur place pour l’année suivante (il y a d’ailleurs une file interminable le lundi matin et même des triathlètes qui plantent leur tente la veille au soir pour être sûrs d’être les 1ers inscrits…) et les 2000 places restantes sont prises d’assaut une semaine après sur internet. Les inscriptions sont donc closes un an avant la course…
Mis à part la météo peu clémente aux mois de mai juin et les fermetures de piscines, ma prépa s’est plutôt bien déroulée, sans pépins physiques, j’arrivais donc assez confiant pour réaliser une belle performance notamment en course à pied.
Après un peu plus de 800km de route, amandine et moi sommes arrivés sur place le mardi soir et nous avons été chaleureusement accueilli par une famille allemande très sympathique et parlant un très bon français (gros point positif vu mon niveau en allemand, au pire j’avais mon interprète anglaise avec moi ;)) . C’est un peu une tradition là bas, où les gens accueillent les athlètes chez eux avec une confiance totale! J’en profite pour remercier Johannes et Anne pour leur accueil. Après un footing de décrassage pour récupérer du voyage, nous avons pu goûter qq spécialités : kartoffel et wurst au menu !
Mercredi matin, j’ai pu reconnaître une bonne partie du parcours vélo avant que la pluie n’arrive… 70km à presque 34km/h de moyenne: en effet ça roule vite à Roth 🙂 c’est un parcours légèrement valloné mais les bosses sont plutôt courtes, mises à part Greeding et la fameuse côte de Solar Hill noire de monde le jour de la course, il y a de long faux plats descendants, très peu de relances et les routes sont bonnes, bref parcours propice à de grosses moyennes si le vent ne souffle pas trop car il y a des portions bien exposées. Après une ballade dans Roth, la journée se termine par une séance de natation à la piscine municipale (bassin de 50m en plein air avec également des bassins ludiques, l’eau n’étant pas très chaude j’ai pu nager en combi)
Jeudi matin la pluie est tjs présente (“super les vacances” n’est ce pas Amandine ;)), nous nous rendons au briefing pro, en compagnie de Frodeno, Viennot, Frommhold etc (belle start list…) avant de retourner nager. L’après midi, la météo s’améliore, l’occasion de visiter le village expo et de retirer le dossard puis de se rendre à la Erdinger party (marque de bière sponsor officiel de la course mais sans alcool bien sûr!) L’occasion de croiser les meilleurs athlètes pro en tenue bavaroise. Et pour finir cette journée bien remplie, une séance de càp avec qq 30″/30″
Vendredi J-2 repos, on nettoie le bike, on vérifie que tout soit ok, on finit le rasage des jambes (euh oui il y avait du travail :)), petite sieste à la piscine puis petit tour au village expo où on peut visionner le Tour de France sur écran géant, avant de se rendre à la pasta party ! On a déjà un aperçu de l’ambiance et de l’engouement qui règnent autour de cette course. De plus, cette année la médiatisation y est encore plus importante car Jan Frodeno (l’actuel champion du monde ironman à Hawai) va tenter de battre le record sur distance ironman 7h41´ détenu depuis 2011 par Andreas Raelert ici même à Roth!
Samedi matin, dernière petite sortie vélo d’une trentaine de km enchainée d’une quinzaine de minutes de càp, puis place au challenge women, une course à pied de 5km réservée aux femmes avec de multiples stands qui leur sont dédiés, ambiance de folie et près de 3000 femmes surexcitées :). Arrive l’heure de déposer le bike au parc à vélos qui se situe à une dizaine de km de la finish Line, ce qui demande un peu d’organisation notamment pour les familles ou accompagnants le jour de la course pour suivre les athlètes, ainsi qu’après la course pour récupérer le vélo et la voiture. Enfin, nous passons un dernier après midi tranquille: sieste et barbotage à la piscine, visionnage du Tour sur l’écran géant du village expo, dîner avec la famille d’accueil avant l’extinction des feux vers 21h30-22h
Jour J, j’ai plutôt bien dormi mais je suis réveillé bien avant que le réveil sonne (prévu à 4h). Nous partons donc un peu en avance en direction du swim start pour éviter les bouchons et arrivons quasi les 1ers sur place, il fait encore noir et nous sommes entourés des caravanes des athlètes ou spectateurs ayant dormi sur place. Le temps de petit-déjeuner avec le traditionnel gatosport et nous voilà parti au parc à vélo: gonflage des boyaux, remplissage des bidons, mise en place des chaussures, de la nutrition etc. Je rencontre qq têtes connues, discute un peu, le stress commence à monter… Les conditions météo s’annoncent optimales: une vingtaine de degrés, vent quasi nul. Puis direction le sas de départ prévu à 6h30 dans la 1ère vague. La natation s’effectue en aller retour dans un canal et le départ des 3000 triathlètes et 500 relais est donné toutes les 5 min par vagues de 200. Il y a déjà bcp de monde autour du canal, l’ambiance commence à monter malgré la musique un peu trop calme, on a même eu le droit à du Céline Dion… On aurait aimé qqch qui donne un peu plus la pêche!
Après un court échauffement de 5 min dans l’eau, le coup de canon retenti! Je ne pars pas très bien et rate le bon groupe, je me retrouve à nager en tête de groupe, je laisse passer qq gars mais ça ne nage pas assez vite à mon goût, du coup je repasse devant et sors de l’eau 28ème en 53’35” avec qq gars dans mes pieds.
Après une transition rapide, j’enfourche mon ceepo viper et reviens rapidement sur les 1ères féminines (mis à part Daniela Ryf qui, comme Frodeno chez les hommes, est au dessus du lot), elles s’accrocheront à ma roue pendant quasi tout le vélo. Je préfère rouler devant et éviter de me faire piéger pour drafting (car les arbitres veillent au respect des 12m d’écart et la sanction est lourde: 5′ de pénalité + une boucle de 1km en càp !)
Je me sens bien, je ne me mets jamais dans le rouge, j’arrive à reprendre qq places dans les bosses et me fait aussi doubler par qq mobylettes… A chaque traversée de village, de nombreux spectateurs nous encouragent, bière à la main pour la plupart :), l’ambiance est incroyable notamment sur la côte de Solar Hill où on essaie de se frayer un chemin parmi la foule (l’espace d’un instant on se croirait dans un col du Tour de France avec les spectateurs s’écartant au dernier moment pour nous laisser passer…). Même les moutons au bord de la route nous encouragent 🙂 Je ne rate aucun ravito et la 2ème boucle du parcours Velo se passe bien également, le vent monte légèrement et il faut rester vigilant pour doubler les concurrents qui sont dans leur 1er tour. Je rentre donc à T2 aux alentours de la vingtième place, 4h41’40 au compteur pour 179km soit 38km/h de moyenne!
Je m’élance alors pour le marathon avec une petite marge d’avance sur le temps prévu. Plutôt confiant, un peu euphorique même car c’est dans cette discipline où je me sentais le mieux ces dernières semaines, je me dis que le sub 9 est dans la poche mais sur ironman une défaillance peut vite arriver donc j’essaie de rester concentré et ne pas partir trop vite. Je m’attendais à un parcours plat mais dès la sortie du parc, une côte de 2km nous attend, puis de longues lignes droites le long du canal sur des chemins de gravillons où les spectateurs se font plus rares, des faux plats, bref pas facile mais heureusement à de nombreux endroits la foule nous porte et nous fait oublier qq tps la douleur. Je loupe qq ravito et les gels que j’attrape sont écœurants, de plus les odeurs de barbecue sur le parcours sont difficiles à supporter ! Je gagne cependant encore qq places. La 2ème partie du marathon est plus compliquée, mal de ventre, arrêt forcé aux toilettes ou plutôt dans les buissons 🙂 je ne sais plus trop où j’en suis niveau chrono (j’ai arrêté la garmin par mégarde) mais j’arrive à garder un rythme satisfaisant pour rallier le stade d’arrivée et son ambiance de folie ! C’est à ce moment que je réalise ma performance en voyant mon chrono sur la finishline 8h37’21 ! 13ème place au scratch et 2h58′ pour le marathon. J’ai du mal à y croire et je cherche Amandine pour partager cet instant magique mais impossible de la trouver dans la foule! À la place, j’ai le droit au contrôle antidopage, et par la même occasion de discuter avec Cyril Viennot 4ème et Jan Frodeno, qui lui aussi rempli son contrat en battant le record du monde en 7h35′ ! Avec 20′ d’avance sur le 2nd mais là c’est une autre dimension…
Le soir, après un bon repas et qq bières, nous retournons sur la finishline pour voir l’arrivée des derniers, il y a encore un monde incroyable et une ambiance de folie avec concerts et feu d’artifice ! Bref une course à faire absolument
Julien